Mensonge avéré et destruction de la confiance sociétale

Publié par Petrel le 07 avril 2013
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En ouvrant ce blog au début de l’année 2012, j’avais considéré que je ne devrais pas aborder le sujet politique. Pour autant, la nature archétypale du déni puis de la reconnaissance de la possession d’un compte non-déclaré à l’étranger par Jérôme Cahuzac, ancien ministre délégué chargé du budget m’amène à en parler. Ce revirement de la part d’une personne exerçant une fonction aux fortes charges symboliques engendre un mécanisme emblématique de destruction de la confiance sociétale. Concrètement, je vous proposerai d’y revenir en me fondant sur trois faits :

– le discours de la cérémonie d’investiture du président de la République, le 15 mai 2012,
– les propos du ministre délégué au budget à l’Assemblée nationale le 5 décembre 2012,
– la déclaration de Jérôme Cahuzac publiée sur son blog le 2 avril 2013 où il reconnait son mensonge.

Le 15 mai 2012, François Hollande ouvrait sa Présidence avec un discours où la notion de confiance était omniprésente. « En ce jour où je suis investi de la plus haute charge de l’État, j’adresse aux Français un message de confiance. » (…)
« La première condition de la confiance retrouvée, c’est l’unité de la Nation. » (…)
« La confiance, c’est aussi l’exemplarité. » (…)
« Le pouvoir d’Etat sera exercé avec dignité mais simplicité. Avec une grande ambition pour le pays. Et une scrupuleuse sobriété dans les comportements. » (…)
« La confiance, elle repose sur la justice dans les choix. » (…) « Il ne peut pas y avoir des sacrifices pour les uns, toujours plus nombreux, et des privilèges pour les autres, sans cesse moins nombreux. Ce sera le sens des réformes que le gouvernement conduira avec le souci de récompenser le mérite, le travail, l’initiative, et de décourager la rente et les rémunérations exorbitantes. »

Le 5 décembre 2012, le ministre délégué chargé du budget, déclarait devant les députés : « Je démens catégoriquement les allégations figurant sur le site Mediapart. Je n’ai pas, monsieur le député, je n’ai jamais eu de compte à l’étranger, ni maintenant, ni auparavant. Je démens donc ces accusations, et j’ai saisi la justice d’une plainte en diffamation, car ce n’est que devant la justice, hélas, que les accusateurs doivent prouver la réalité des allégations qu’ils avancent.

Et c’est donc devant la justice que je m’expliquerai face à ces contradicteurs, en attendant d’eux des éléments probants qui, à ce jour, font manifestement défaut. »
Juridiquement, rien n’obligeait le ministre à dire la vérité. En revanche, le faire dans ce lieu portait une charge symbolique forte, lui donnant un caractère solennel. Jérome Cahuzac remerciera même le député lui ayant posé la question « Merci, monsieur le député, de m’avoir permis de le dire devant la représentation nationale. »

Le 2 avril 2013, sur son blog, Jérome Cahuzac déclarait le contraire : « J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte. »

Si, au sein du texte, cette personne demande pardon, exprime ses regrets, l’impact d’un tel revirement de la part d’un élu, responsable politique, ayant exercé une fonction fortement chargée de symboles aux yeux des citoyens français est extrêmement puissant sur la confiance sociétale, et, dans un contexte où le contraire était prôné.

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