« Le problème, c’est l’imposture, non le manque de confiance »

Publié par Petrel le 10 avril 2013
Dégrader, Témoigner

« Dans notre société, le problème n’est pas le manque de confiance, mais plutôt l’imposture » avance René Gauberti, « vendre de l’apparence est devenu un vrai rituel social ». Ce psycho-sociologue tenait ses propos le 21 mars 2013 lors d’une conférence organisée par l’ITA à Chamalières (Puy-de-Dôme) sur le thème « La confiance dans les relations humaines ».

« De nos jours, on fait prévaloir la forme sur le fond. C’est du pain béni pour l’imposteur. Comme l’indique Roland Gori, psychanalyste, dans son dernier essai intitulé « La fabrique des imposteurs », : «l’imposteur, le Tartuffe d’aujourd’hui, adopte des costumes d’emprunt pour jouer le jeu social ; c’est une éponge qui absorbe nos valeurs et qui sait tout à fait profiter des formes. C’est un transformiste, qui est comme un poisson dans l’eau dans notre société de l’évaluation et de la conformité.»

Ainsi poursuit René Gauberti : « de même, nous sommes rassurés dans notre sentiment de confiance par ce discours de la science qui prône la transparence, l’expertise, l’évaluation. Nous sommes aussi rassurés par le fait que notre société a mis en place tout un tas de contrôle de conformité, de certification, de respect de protocoles standardisés. Cette société avec ses chiffres et ses contrôles de conformité, est une imposture également. « Elle joue (la société) – nous dit Roland Gori– davantage sur la grammaire des discours que sur le contenu du discours. Elle joue davantage sur l’étiquette des produits que sur la qualité réelle. Nous sommes dans une civilisation Canada Dry où on se contente de vérifier que ça a l’apparence du vrai et pourtant ce n’est pas du vrai ». Ne risque-t-on pas, en cherchant à supprimer toute incertitude par l’affirmation et le savoir à évoluer vers ce que, Hannah Arendt appelle ce « paradis des imbéciles où tout est connu a priori ».

Comment alors sortir de cette imposture et agir pour reconstruire la confiance ? Voilà ce que René Gauberti propose : « accepter l’incertitude et faire le pari de l’autre. Cette incertitude du lien à l’autre, c’est le pari de la confiance. On fait le pari de l’homme. Comme l’indique Michela Marzano, philosophe « La confiance ne peut être pensée qu’en relation, à la fois, avec l’incertitude et la certitude : l’incertitude du lien à l’autre qui, en dépit de tout, reste fragile ; la certitude de ressources intérieures qui peuvent me permettre de survivre même si l’autre me trahit. » Pour Patrick Viveret, enfin, « il s’agit de casser avec la logique du contrôle, de la possession et de la maîtrise pour aller vers la reconnaissance de l’altérité, où il s’agit d’aimer l’autre dans son intégralité et son unicité. » Toujours selon Patrick Viveret, il nous faut monter en qualité d’humanité, en qualité de relation, en qualité d’amour et en qualité de conscience ».

 

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